APPRENTISSAGE
I-
DEFINITIONS :
TEMPRADO 1997 : Changement de l’état interne du sujet qui résulte de la pratique ou de l’expérience et qui peut être inféré à partir de l’observation de la performance.
FLEISHMAN 1967 : L’apprentissage est le processus neurologique interne supposé intervenir à chaque fois que ce manifeste un changement qui n’est dû ni à la croissance ni à la fatigue.
II-
HISTORIQUE :
Connaissances tirées de l’article « 30 ans de théories sur l’apprentissage » PIARD Revue EPS n°270 1998.
§
La filiation humaniste :
- Son origine remonte à LOCKE (si tu veux apprendre les mathématiques à John, il faut connaître les mathématiques et connaître John) et à ROUSSEAU. Leur filiation se dégage ensuite au travers de PESTALOZZI et CLAPAREDE.
- Leur travail porte sur le paradigme de l’individualisation des apprentissages sans pour autant abandonner le standard commun de la classe. Ce souci aboutit aujourd’hui à la « pédagogie différenciée ».
- Cette filiation humaniste à aussi fourni, derrière PIAGET, toute la richesse du courant constructiviste qui a replacé l’histoire individuelle de l’apprenant au centre même du processus d’apprentissage.
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Les approches cliniques :
- Les auteurs les plus importants sont HAMELINE qui plaide pour « La liberté d’apprendre » dès 1967, FERRY, ARDOINO…
- Deux motifs semblent expliquer son développement : le risque de déshumanisation des apprentissages inhérents à l’hypothétique développement d’un enseignement programmée prônées par l’américain SKINNER, la pédagogie traditionnelle (modèle bourgeois) doit céder le pas à d’autres procédures (PASSERON et Les héritiers exige une nouvelle façon d’enseigner.
- Conception non-directive de l’enseignement , le rôle du maître se limitant à proposer ses compétences sans les imposer et surtout sans porter de jugement sur ses élèves.
- Ce courant est loin d’être obsolète en EPS car on peut y retrouver ANDRE à Poitiers ou LABRIDY à Nancy.
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Les approches didactiques :
- Les études didactiques sont en général l’œuvre de spécialistes disciplinaires qui se penchent sur les questions soulevées par la transmission de connaissances spécifiques à leur spécialités.
- Le retraitement du savoir savant en savoir enseignable est un souci majeur et constant des auteurs, quelle que soit leur spécialité. GIORDAN (1987), CHEVALLARD, MARTINANT, illustrent fort bien ce courant dont BOUTHIER est le porte drapeau dans le domaine de l’EP.
- Ces didactiques spécifiques posent le problème de l’unicité de l’élève.
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Les approches métacognitives :
- Volonté d’aborder les mécanismes fondateurs du fonctionnement général de l’esprit humain. Le père fondateur est FEUERSTEIN. Son travail renvoie aux théories socio-cognitive élaborées à partir des thèses soviétiques de VYGOTSKY et ses successeurs.
- L’ensemble de cette réflexion trouve son application dans les « pédagogies convergentes » mises en œuvre dans les pays en voie de développement. En EP, le concept empirique de « principe d’action » généralisable cher à BAYER puis à PINEAU relève de cette approche.
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Les approches nouvelles :
Deux éclosions plus récentes.
- La théorie des systèmes : prise en compte des interactions tant dans le déroulement de l’apprentissage lui même que dans le fonctionnement du groupe ou dans celui de la définition même des savoirs à enseigner. DEVELEY (1992), PERRENOUD (1994) ou encore BOUVIER (1993) se consacre à cette approche.
- L’ethnométhodologie : issue de la théorie microsociologique de GARFINKEL. Elle est fortement axée elle aussi sur l’étude des interactions, particulièrement, interactions orales qui construisent l’ordre social.
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L’apprentissage moteur :
- Les théories cognitivistes se basent sur la théorie de l’information de SHANON et WEAVER. Cette théorie assimile le cerveau humain à un ordinateur traitant des informations. Plus la quantité d’information est importante, plus le temps de réaction sera lui aussi important (proportionnalité).
- Actuellement les dynamiciens proposent une nouvelle voie d’étude de l’apprentissage KELSO 1981 : il n’y a pas PMG mais une émergence spontanée des coordination motrice en fonction de la difficulté de la tâche. Il n’y a pas besoin lors du mouvement d’avoir recours à une instance extérieure pour avoir de l’ordre. L’ordre émerge d’une auto-organisation du système
III-
TEXTES OFFICIELS :
Mission du professeur d’EPS 1997 : L’élève est au centre, considéré comme une personne pouvant apprendre et progresser. L’enseignant doit savoir construire des situations d’enseignement et d’apprentissage.
Programme d’EPS de la classe de 6ème des collèges 1996: « l’élève doit apprendre dans le cadre des relations qu’il entretient avec le monde physique, à agir en sécurité pour soi et pour les autres. »
Au niveau pédagogique l’enseignant doit mettre en œuvre « des apprentissages sportifs. »
Programme du cycle central 1997 : « l’élève est impliqué dans son apprentissage : connaissance du résultat, évaluation. »
Au niveau des compétences générales :
- au plan individuel il est dit : « élaborer une stratégie personnelle d’apprentissage (avec connaissance du résultat). »
- au plan des relations avec les autres disciplines il est dit : « comprendre les effets des apprentissages et de l’entraînement sur le développement du corps. »
Dans les mises en œuvre il est dit que « les apprentissages sont organisés selon les principes fixés dans le texte de 6ème et doivent être inscrit dans le projet pédagogique d’EPS. »
Programme du cycle d’orientation du collège 1998 : « Il favorise un engagement de plus en plus réfléchi dans les apprentissages. »
Les enseignants doivent « habituer les élèves à identifier des similitudes entre les situations d’apprentissages pour viser des réinvestissements de compétences et de connaissances. »
Activité de pleine nature « apprendre à respecter les règles de sécurité individuelles et collectives et les comprendre. »
Loi d’orientation 1989 : « les programmes constituent le cadre national au sein duquel les enseignants organisent leurs enseignements en tenant compte des rythmes d’apprentissage de chaque élève. »
« Les élèves en tant que bénéficiaires du service public ont des droits et des devoirs. L’exercice de ces droits et de ces devoirs constitue un apprentissage de la citoyenneté. »
Elle détermine des cycles d’apprentissage : pré-apprentissage, consolidation et approfondissement, observation, orientation, détermination.
Charte des programmes 1992 : « il faut favoriser des situations d’apprentissage qui développent chez l’élève les attitudes fondamentales. »
IV-
REPRESENTATION SOCIALE DE LA NOTION :
BANDURA 1977 : Apprentissage est social et implicite. On s’imprègne de ce que font les autres.
Ceci explique que l’apprentissage est une notion fortement représenté dans notre société : il est constant (on en apprend tout les jours), il peut être aussi bien moteur, social, scolaire, il permet la réussite des individus.
V-
PROPOSITIONS D’AUTEURS :
Théories cognitivistes :
SCHMIDT 1975 : la notion de PMG.
Le cerveau humain ne pourrait pas contenir l’ensemble des PM s’il en existait un seul par apprentissage. En fait, il démontre Qu’en fait la MLT stocke des PMG plus leurs règles de paramétrisations qui correspondent chacun à une catégorie de mouvement.
Il demande à des sujets de lancer un ballon à 3-6 et 9 mètres. L’individu établit une relation entre les différents paramètres du système (la force nécessaire en fonction de la distance). Le SNC conserve cette relation qui va constituer le PMG. Si l’on demande ensuite au sujet de lancer à 7,5 mètres, le PMG va paramétrer les nouvelles données fournies.
RAIBER
1977 :
Il demande à un sujet d’écrire la même phrase avec : la main droite, la main gauche, la main droite plâtrée, les dents, le pied. Ils s’agit de groupes musculaires différents et donc la logique biomécanique des effecteurs et différentes. Dans les cinq cas il obtient le même style d’écriture. L’individu possède une structure rythmique qui lui confère une écriture unique quelque soit le groupe musculaire utilisé = PMG.
Théories dynamiques :
ARUTYUNYAN 1969 : Il compare des experts et des novices dans l’activité du tir au pistolet. Il s’aperçoit que l’expert mobilise l’ensemble de ses articulations donc l’ensemble des degrés de liberté du système afin de garder son arme stable (couplage articulaire). Le débutant, rigidifie l’ensemble de ses articulations sauf l’épaule donc un seul degrés de liberté fonctionne.
VEREIJKEN 1991 : Expérience réalisée sur un simulateur de ski. L’auteur montre que la libération des degrés de liberté du système va être : céphalo-caudale et proximo-distale.
ZANONE : Les individus vont apprendre un répellant pendant une semaine. Au bout d’une semaine le répellant est devenu un attracteur. Si l’on poursuit l’apprentissage on va créer une nouvelle tendance spontanée.
D’où on peut en déduire que l’apprentissage va affaiblir voir même faire disparaître certaines coordinations spontanées du système ; L’ensemble du système s’en trouve donc modifié.
Théories sur l’action
situé :
DURAND :
En gymnastique : réalisation de deux séances séparées d’une semaine, avec le même professeur et les mêmes objectifs. Dans la première séance, mise en place de 4 ateliers en forme de carré, les élèves passent sur chaque atelier. Dans la seconde séance, les ateliers sont placés l’un derrière l’autre en forme de ligne.
On calcule pour chaque séance le temps d’interaction de l’enseignant avec chaque groupe, avec la classe entière et l’élève seul. On remarque que lors de la première séance, l’enseignant communique plus avec les différents groupes mais moins avec la classe entière et l’élève seul. Dans la deuxième séance, l’enseignant interagit moins et différemment selon la position du groupe (reste plus au milieu de la ligne), il communique plus avec l’élève seul est avec la classe.
L’organisation de l’espace a donc bien une influence sur l’action de l’enseignant. Il est donc nécessaire de replacer l’action dans son contexte.
Propositions didactiques :
BATS Revue EPS n° 255 1995 : en badminton, il propose six principes opérationnels représentant l’évolution de l’apprentissage de l’élève : précocité de la prise d’information (prise d’infos sur la frappe de l’adversaire, lire la trajectoire de balle le plus tôt possible, se placer sous la trajectoire du volant rapidement), développer les qualités des actions motrices, varier les trajectoires (réduire le temps d’intervention de l’adversaire sur le volant et augmentation des distances de déplacements), élaborer des choix tactiques pertinents (prise en compte des points faibles de son adversaire), créer de l’incertitude par la nature de la frappe (varier la nature des frappes ), s’adapter au rapport de force.
MARIO Revue EPS n°239 1993 : en handball, pour lui les perspectives d’apprentissage sont : éduquer la vision périphérique, travailler la prise de décision pour qu’elle soit pertinente, développer les intentions tactiques.
MASSER 1993 : étude en gymnastique sur l’ATR. Il montre que les consignes procédurales ont un effet sur l’apprentissage : elles permettent de faciliter le transfert, la mémorisation.
VI-
FACTEURS JOUANT SUR LA NOTION :
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Caractéristiques des élèves :
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motivation – estime de soi :
HEBRARD 1993 : la principale source de motivation pour l’apprentissage est le recherche de l’estime de soi nécessaire à la construction d’une « identité personnelle positive ». Cette recherche est difficilement conciliable avec les exigences de la compétition.
SELIGMAN 1952 : il définit la théorie de la résignation apprise du fait de la construction d’une image négative de soi en cas d’échecs répétitifs.
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risque :
MARTENUICK 1908 : le risque favorise le niveau d’activation.
WILDE 1988 : la prise de risque pour un élève favorise un fort taux de dissonance préférentielle.
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aptitudes :
FLEISCHMAN et HEMPEL 1955 : avec les apprentissages les aptitudes demandées changent. L’amélioration des aptitudes doit se faire chez l’enfant. Le patrimoine génétique détermine une fenêtre d’aptitudes : l’aptitude d’endurance serait déterminée génétiquement à 90%.
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Traitement didactique des APS :
OXENDINE 1970 : il classe les activités par niveau d’activation. L’enseignant peut ainsi privilégier dans sa programmation telle ou telle APS en fonction de leur niveau d’activation.
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Format pédagogique utilisé :
GAL et DURAND 1998 : Il s’agit de faciliter l’apprentissage des élèves en facilitant l’interaction professeur/élève.
VII-
FAITS ET AFFIRMATIONS :
MEIRIEU : l’enseignant d’EPS est un spécialiste de l’apprentissage.
LEPLAT 1993 : La tâche indique ce qui est à faire, l’activité ce qui se fait.
BEST 1973 : l’activité ne se déploie qu’en fonction du besoin et de l’intérêt.
WINNYKAMEN 1990 : l’imitation est l’utilisation intentionnelle de l’action d’observation d’autrui comme source d’information en vue d’atteindre son propre but.