L’APPRENTISSAGE

 

 

I-                   Définitions :

 

TEMPRADO 1997 : changement de l’état interne du sujet qui résulte de la pratique ou de l’expérience et qui peut être inférée par l’analyse de sa performance.

 

FLEISHMAN 1967 : l’apprentissage est un processus neurologique interne supposé intervenir à chaque fois que se manifeste dans la performance un changement qui n’est du ni à la croissance ni à la fatigue.

 

 

II-                Argumentaire :

 

Point de vue n°1 : EPS est une discipline scolaire, dans ce cadre elle cherche à répondre  aux missions de l’école telle que l’apprentissage de savoirs et de savoir faire.

 

-         Argument 1 positif : Les programmes indiquent ce que chaque discipline doit faire apprendre.

Preuve institutionnelle :

Programme du cycle d’orientation du collège 1998 : « Il favorise un engagement de plus en plus réfléchi dans les apprentissages. »

Activité de pleine nature « apprendre à respecter les règles de sécurité individuelles et collectives et les comprendre. »

 

-         Argument 2 négatif : Le savoir est interdisciplinaire, certains apprentissages ne sont pas spécifique à une discipline mais réinvestissables.

Preuve institutionnelle :

Les itinéraires de découverte proposés pour les classes du cycle central à partir de la rentrée 2002 se fixe comme objectif de faire apprendre autrement et de donner le goût d’apprendre en favorisant l’approche interdisciplinaire et le travail en équipe des enseignants. Ainsi, l’EPS pourra s’associer par exemple aux sciences de la vie et de la terre afin de répondre au thème de la découverte de la nature et du corps humain.

Programme du cycle d’orientation du collège 1998 : Les enseignants doivent « habituer les élèves à identifier des similitudes entre les situations d’apprentissages pour viser des réinvestissements de compétences et de connaissances. »

Preuve scientifique :

TEMPRADO (Revue EPS N°267, 1997) : propose l’utilisation d’un test de transfert pour évaluer la généralisation des effets de la pratique. Pour lui « le passe et va »  en handball et le « une deux » en football sont similaires.

SCHMIDT 1975 : Il demande à des sujets de lancer un ballon à 3-6 et 9 mètres. L’individu établit une relation entre les différents paramètres du système (la force nécessaire en fonction de la distance). Le SNC conserve cette relation qui va constituer le PMG. Si l’on demande ensuite au sujet de lancer à 7,5 mètres, le PMG va paramétrer les nouvelles données fournies.

 

-         Argument 3  positif : l’augmentation du coefficient de l’EPS au BAC montre que les apprentissages en EPS ont pris de l’importance.

 

 

Preuve institutionnelle :

La mise en place au BAC depuis 1995 d’un coefficient 2 plus la possibilité de prendre la discipline en option depuis 1997-98 est un indicateur pertinent de l’influence grandissante de l’EPS  sur l’obtention du diplôme.

 

 

Point de vue n°2 : La notion d’apprentissage en EPS est une incitation à ce que l’élève devienne acteur de celui-ci.

 

-         Argument 1 positif : C’est en prenant des décisions dans l’action que l’élève devient acteur de ses apprentissages.

Preuve scientifique :

AMADE ESCOT montre que les situations de résolution de problèmes vont permettre à tous les élèves de développer une activité individuelle d’apprentissage.

Les situations de résolutions de problèmes vont favoriser un apprentissage différencié car elle entraînent une activité cognitive du traitement de l’information, elles permettent des choix décisionnels adaptatifs, et d’opérer un décalage optimal favorisant l’émergence de conduites nouvelles. Par cet intermédiaire, apprendre sera vu comme une construction de son savoir.

Preuve empirique :

Au volley-ball dans une situation de deux contre deux ayant pour objectif de gérer le rapport de force par rapport au nombre de touches de balle, deux choix s’offrent aux élèves la continuité ou la rupture de l’échange.

 

-         Argument 2 positif : La négociation permet l’implication des élèves dans les situations d’apprentissage. Ils deviennent acteur.

Preuve scientifique :

Pour B. HUET la négociation est présente dans l’acte pédagogique pour que s’opère un ajustement des représentations des élèves et du professeur quant au but des situations d’apprentissage. Ceci permet d’impliquer les élèves dans le processus d’apprentissage , de le rendre acteur car les situations d’apprentissages proposées par l’enseignant ont davantage de sens.

Preuve empirique :

Avec une classe de 6ième lors d’un cycle de football. Après un grand nombre de rencontres, les élèves occupent avec leurs adversaires le terrain qui correspond à leur niveau en 1 contre 1 ou en 2 contre 1. Ils peuvent alors s’approprier pleinement le projet d’apprentissage en modifiant la tâche qui leur est proposée. S’ils estiment qu’ils réussissent parfaitement cette tâche, ils peuvent, après négociation avec l’enseignant, la modifier en augmentant ou diminuant la taille des buts, ainsi que la dimension de la zone de buts.

 

-         Argument 3 négatif : En EPS, dans certains domaine, il n’est pas assuré que l’élève apprennent bien qu’il soit acteur.

Preuve scientifique :

Les chercheurs nuancent notamment l’impact de l’EPS en matière d’apprentissage touchant le développement bioénergétique. RIEU précise sur ce thème, que 2 à 3 heures d’EPS par semaine ne vont pas améliorer de façon fulgurante les capacités physiologiques des élèves, elles vont simplement permettre de les entretenir. En effet pour S HERRERA et O BESSY « l’amélioration du potentiel nécessite une intensité et une fréquence d’entraînement inconcevable du collège au lycée ». Dès lors dans le domaine bioénergétique, même si l’élève est acteur, les conditions de l’enseignement de l’EPS ne vont pas lui permettre d’améliorer son potentiel énergétique.

Point de vue n°3 : Dans la conception et la mise en œuvre de son enseignement, le professeur d’EPS s’appuie régulièrement sur les connaissances du traitement de l’information pour favoriser les apprentissages.

 

-         Argument 1 positif : Les stades de l’apprentissage renseignent et guident l’enseignant dans ses choix.

Preuve scientifique :

FITTS 1964 : il définit les stades d’apprentissages : verbal (phase cognitive portant sur les buts à poursuivre, les procédures à utiliser…, processus conscient, démonstration et instructions verbales sont pertinentes), moteur (phase associative permettant d’optimiser les comportements jutes, utiliser la répétition et la connaissance du résultat) et autonome (libérer le canal d’information et soustraire la gestuelle à la prise de conscience).

Preuve didactique :

BATS Revue EPS n° 255 1995 : en badminton, il propose six principes opérationnels représentant l’évolution de l’apprentissage de l’élève : précocité de la prise d’information (prise d’infos sur la frappe de l’adversaire, lire la trajectoire de balle le plus tôt possible, se placer sous la trajectoire du volant rapidement), développer les qualités des actions motrices, varier les trajectoires (réduire le temps d’intervention de l’adversaire sur le volant et augmentation des distances de déplacements), élaborer des choix tactiques pertinents (prise en compte des points faibles de son adversaire), créer de l’incertitude par la nature de la frappe (varier la nature des frappes ), s’adapter au rapport de force.

 

-         Argument 2 positif : L’enseignant d’EPS utilise la démonstration comme une aide à l’apprentissage.

Preuves scientifiques :

BURWITZ 1981 : la démonstration est bénéfique à l’apprentissage, elle permet de définir des opérations de réussites visibles. Elle a la capacité de permettre une rétention d’informations à court terme et long terme. De plus, il existe une réelle habileté à imiter. Elle peut créer un niveau de motivation suffisant dans la réalisation de la tâche.

WINNYKAMEN 1990 : l’imitation est l’utilisation intentionnelle de l’action d’observation d’autrui comme source d’information en vue d’atteindre son propre but.

Preuve empirique :

Classe de 5ième n’ayant jamais fait d’agrées mais comprenant deux élèves participant à l’AS gymnastique. Les élèves sont anxieuses à l’idée de devoir réaliser des figures aux barres asymétriques. Il est possible de débuter l’apprentissage par une démonstration d’une élève compétente qui permettra de construire une image symbolique de l’action (SCHEFFIELD 1961) et ainsi réduire l’anxiété.

 

-         Argument 3 négatif : Aujourd’hui les théories cognitivistes ne font plus l’unanimité.

Preuves scientifiques :

DURAND 2000 : Il faut analyser les actions in situ pour pouvoir décrire, comprendre et analyser le fonctionnement de l’apprenant.

KELSO 1981 : il n’y a pas PMG mais une émergence spontanée des coordinations motrices en fonction de la difficulté de la tâche. Il n’y a pas besoin lors du mouvement  d’avoir recours à une instance extérieure pour avoir de l’ordre. L’ordre émerge d’une auto-organisation du système. 

Preuves didactiques :

DURAND : En gymnastique, réalisation de deux séances séparées d’une semaine, avec le même professeur et les mêmes objectifs. Dans la première séance, mise en place de 4 ateliers en forme de carré, les élèves passent sur chaque atelier. Dans la seconde séance, les ateliers sont placés l’un derrière l’autre en forme de ligne.

On calcule pour chaque séance le temps d’interaction de l’enseignant avec chaque groupe, avec la classe entière et l’élève seul. On remarque que lors de la première séance, l’enseignant communique plus avec les différents groupes mais moins avec la classe entière et l’élève seul. Dans la deuxième séance, l’enseignant interagit moins et différemment selon la position du groupe (reste plus au milieu de la ligne), il communique plus avec l’élève seul est avec la classe.  

L’organisation de l’espace a donc bien une influence sur l’action de l’enseignant. Il est donc nécessaire de replacer l’action dans son contexte.

ARUTYUNYAN 1969 : Il compare des experts et des novices dans l’activité du tir au pistolet. Il s’aperçoit que l’expert mobilise l’ensemble de ses articulations donc l’ensemble des degrés de liberté du système afin de garder son arme stable (couplage articulaire). Le débutant, rigidifie l’ensemble de ses articulations sauf l’épaule donc un seul degrés de liberté fonctionne. VEREIJKEN 1991 : Expérience réalisée sur un simulateur de ski. L’auteur montre que la libération des degrés de liberté du système va être : céphalo-caudale et proximo-distale. Le système s’auto-organise en fonction de l’apprentissage.