1.DEFINITIONS
Définitions Développement :
? Le développement fait intervenir l’ensemble des mécanismes
qui, à partir d’unités élémentaires, édifient
au sein de l’individu des ensembles de plus en plus complexes agissant
en relation les uns avec les autres. Les interactions ainsi que la dépendance
étroite de ces mécanismes tant à l’égard du
programme génétique qu’à l’égard de l’environnement
rendent compte de cette diversité. Universalis
? L’ensemble des transformations qui affectent les organismes vivants
ou les institutions sociales, produits de l’activité humaine.
Dictionnaire Littré
? Ensemble des différents stades par lesquels passe un organisme,
un être vivant pour atteindre sa maturité, sa croissance
terminale. Piaget
2.HISTORIQUE DE LA NOTION
Comme nous pourrons le voir ci-dessous la notion de développement organique et foncier est assez explicite au début du siècle, avant de disparaître avec la sportivisation de l’EPS puis de réapparaître de façon assez implicite dans les années 80.
DEMENY (1850-1917) : travaille avec MAREY sur le développement de la force chez l’Homme, avant de développer sa méthode, « l’antropotechnie », ayant comme finalités : santé, beauté, adresse et virilité.
TISSIE (1852-1935) : et la « psychodynamie », propose de fixer les chaînes musculaires pour rechercher la meilleure respiration possible ; créa les « lendits », exercices de plein air dans lesquels on retrouve le goût de l’action coordonnée, de l’effort physique et des qualités morales.
HEBERT (1895-1903) : et sa « méthode Naturelle » ayant pour but la santé, la force et la beauté ; en favorisant un travail foncier.
IO de 1923 : EP hygiénique pour former un individu en bonne santé physique et morale.
l’EGS sous Vichy : éducation intégrale cherchant à former des hommes forts de corps et d’esprit.
IO de 1941 : préconise l’Hébertisme afin d’atteindre différents objectifs dont le développement du goût de l’effort collectif.
BAQUET : et le courant sportif, cherche à développer l’initiation sportive sans oublier de développer le goût de l’effort chez l’élève ; le plan de leçon laisse alors apparaître des exercices de souplesse et de développement musculaire.
IO de 1945 : poursuivent le développement normal de l’élève et l’amélioration de la VARF (vitesse, adresse, résistance et force).
IO de 1985-1986 : avec les 3 objectifs de l’EPS.
3.TEXTES OFFICIELS
Mission du professeur :
Le professeur … « concourt au développement de leurs aptitudes et capacités »
Loi d’orientation :
« le système éducatif doit également assurer une formation physique et sportive pour tous les jeunes… »
L’EPS au Collège :
La 1ère finalité de l'EPS: « développement
des capacités nécessaires aux conduites motrices »
La 3ème finalité de l’EPS : « accès aux
connaissances relatives à l’organisation et à l’entretien
de la vie physique »
Un objectif général : « apprendre à mobiliser
ses ressources et les développer en vue d'atteindre une plus grande
efficacité lors d'une performance… » (relation individu/monde
physique)
Classe de 6ème :
« La maîtrise des réactions émotionnelles,
le dosage de l’effort et l’identification des facteurs à risques
corporels aident l’élève à organiser ses apprentissages
, seul ou avec d’autres. »
Compétences et connaissances générales: «
en 6ème est privilégié ce qui permet à l’élève…
d’identifier les effets de la motricité et de l’effort physique
sur le corps ».
Exemple d’interventions pédagogiques particulières :
renforcement musculaire, renforcement cardio-respiratoire…
Cycle central :
« En EPS, ces répercussions dues à l’adolescence
sont amplifiées par l’importance des transformations morphologiques
(taille, poids, apparence) et par les manifestations à des moments
différents suivant les élèves. »
« La mixité doit être encouragée, (…) elle
ne peut être conduite dans l’ignorance des différences. »
Classe de 3ème :
« … hétérogénéité des niveaux
atteints par les élèves, engendrées par la diversité
des expériences et des possibilités physiques… »
« … les contenus et démarches d’enseignement doivent aussi
prendre en compte l’évolution physiologique, psychologique, sociale
et intellectuelle des adolescents, et particulièrement la différenciation
filles/garçons. »
Orientations générales de l’enseignement de l’EPS au
Lycée :
« L’apport de l’EPS à la formation globale est particulier,
original et irremplaçable. » Son enseignement permet… «
l’équilibre et le développement personnel »…
Le 3ème objectif de l’EPS : « l’acquisition des compétences
et connaissances nécessaires à l’entretien de la vie physique
et au développement de sa santé tout au long de la vie »
Classe de 2nde :
« En classe de 2ndeles publics lycéens sont diversifiés
(…), les morphologies, les goûts et les motivations,… ajoutent à
la diversité. »
« Ces 2 composantes ( cult+methodo) permettent (…) de garantir
un épanouissement et un équilibre personnel à court
terme, de favoriser un développement à plus long terme. »
Un exemple de compétence attendue dans l’enseignement de détermination
: utiliser les indicateurs de l’effort (fréquence cardiaque, durée
de l’effort…).
Classe de 1ère :
« En classe de 1ère, l’enseignement obligatoire (…) s’inscrit dans le cadre d’une formation corporelle générale (…), vise une prise en charge du développement personnel. »
Classe de Terminale :
« La pratique des APSA favorise une diversité d’expériences
corporelles, qui permet d’enrichir et d’élargir les connaissances,
les compétences et les ressources des élèves. »
4.REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA NOTION
Quand on demande aux utilisateurs (élèves, parents d'élèves…)
de s'exprimer sur l'utilité de l'EPS, les réponses les plus
souvent données: "la santé", "la forme"; renvoient au développement
énergétique.
5.PROPOSITIONS D'AUTEURS
Sur le métabolisme anaérobie alactique :
Davies en 1972 avec le test de Margaria et Groljinovski en 1980 avec
le Wingate-test montrent qu’il y a augmentation du processus avec l’âge
mais aussi avec l’entraînement basé sur des efforts d courtes
durée. Ils évoquent de plus l’intérêt de proposer
ce type d’efforts aux jeunes enfants (7-12 ans) car ils sont alors dans
une période ou l’impact est maximal sur le système neuromusculaire.
Sur le métabolisme anaérobie lactique :
Erickson en 1973, Grandmontagne en 1977, Paterson en 1986 montrent
que ce processus augmente avec l’âge et l’entraînement. Mais
surtout qu’il ne faut proposer ces exercices qu’après le puberté
(il faut donc le travailler au lycée) car avant les enfants n’ont
pas un métabolisme adapté pou ces efforts (impossibilité
de production et d’élimination des lactates).
Sur le métabolisme aérobie :
Kobayashi et Hickson en 1978 montrent que c’est au moment du pic pubertaire
que cette forme de travail amène le plus de progrès (il faut
donc le travailler au collège).
Flandrois en 1980, Vago en 1986 et Mercier en 1988 montrent que la
VO2max diminue après la puberté et que l’entraînement
peut freiner cette dégradation.
Flandrois en 1984 annonce que les activités mobilisant le plus
de masse musculaire sont le plus efficaces pour l’augmentation de la VO2max.
Ahmaïdi, CNED : l’adaptation à l’effort a pour but de régénérer
le stock d’ATP qui est utilisé par 3 processus :
- anaérobie alactique, d’instantané à 7’’/20’’
anaérobie lactique, de quelques secondes à 40’’/2’ (interrompue
par l’acidose tissulaire)
- aérobie à partir de 2 ou 3’
« L’entraînement des aptitudes aérobie et anaérobie de l’enfant » (Gratas-Delamarche, Delamarche. Science et motricité n°10 (1990)
Les qualités aérobies :
Avant la puberté, filles et garçons ont la même
VO2max ; VO2max maximale pour les filles à 14 ans et à 18
ans chez les garçons.
Le seuil d’apparition des lactates (ou seuil anaérobie) chez
l’enfant apparaît vers les 65-70% de la VO2max.
Effet optimal de l’entraînement aérobie si réalisé
à proximité du pic de croissance ou en pleine poussée
pubertaire.
Les malaises hypoglycémiques, les intolérances aiguë
à la chaleur et quelques microtraumatismes sont les seuls risques
pour le sujet sain.
Les qualités anaérobies :
La puberté constitue la phase essentielle de maturation de ces
mécanismes.
Hollmann et Hettinger-1976 ; Letzelter-1978, pensent que l’on peut
développer les qualités anaérobies alactiques chez
des enfants pré pubères (avec des exercices type sprint pour
développer les qualités de vitesse).
Les exercices anaérobies lactiques doivent être réalisés
quant à eux qu’après la puberté.
Des traumatismes sur les cartilages et les épiphyses pouvant
subvenir du fait du développement maximal de la force du muscle.
6.FACTEURS JOUANT SUR LA NOTION
§ capacité de départ (déterminé génétiquement)
§ âge (niveau de maturation)
§ entraînement (intensité de l'effort, durée
de l'action, durée de récupération, nature de la récupération,
quantité de travail ou nombre de répétions)
7.FAITS ET AFFIRMATIONS
dossier EPS n°56 : la course de durée au collège et au lycée
Modifications physiologiques supposées
? Système anaérobie alactique :
- augmentation du taux de créatine phosphate intramusculaire
- augmentation de la vitesse de conduction neuromusculaire et des processus
enzymatiques qui lui sont associés
- modification des réactions des fibres musculaires dans les
muscles sollicités
- augmentation de la surface des fibres rapides
Il faut privilégier le travail en puissance, car il permet de
minimiser le risques de basculer dans un travail lactique ; de faire plus
de répétitions ; de favoriser d’autres apprentissages comme
la course de relais
? Système anaérobie lactique :
- l’augmentation du stockage et du taux de glycogène intramusculaire
- l’amélioration de la résistance à « l’empoisonnement
» lactique
- l’amélioration de l’élimination des déchets
lactiques
Il faut proscrire ce travail au collège, car le système
neuromusculaire est peu adapté (difficulté à monter
en lactates, élimination difficile) ; car cet entraînement
induit un stress très important et amène peu de progrès
jusqu’à 13-14 ans ; car les séances sont trop longues en
raison de la durée des phases de récupération.
? Système aérobie :
- l’augmentation du stockage et de l’utilisation du glycogène
et des acides gras
- la diminution du temps de latence avant atteinte de la VO2max
- l’amélioration de l’ensemble des agents assurant le transport
de l’02 (respiration, fixation, circulation, diffusion intramusculaire)
- la diminution du tonus et de la force musculaire à partir
d’un travail quantitatif important
- la diminution du poids corporel
C’est l’âge d’or pour le développement de la VO2max dont
la période la plus bénéfique semble se situer autour
du pic de croissance. Les progrès sont rapides et conséquents
si le temps d’engagement moteur est suffisant (15 à 40’ par séances).
L’enseignant joue sur différents paramètres pour entretenir
la motivation des élèves : distance, récupération,
intensité et forme de parcours.
Propositions concrètes
? Système anaérobie alactique :
§ Puissance : à 100%, 2x(30m+40m+50m+40m+30m), avec récupération
de 3’ entre les courses et de6’ entre les séries.
§ Capacité : entre 90 et 100%, 2x(60m+80m+100m+80m+60m),
avec récupération de 3 à 5’ entre les courses et de
10’ entre les séries.
? Système anaérobie lactique :
§ Puissance : à 100%; 200m,400m,400m,200m, avec récupération
de 8 à 15’ entre les courses.
§ Capacité : à 90-95%, 2x(3x400m) avec récupération
de 6’ entre les courses et de 15’ entre les séries.
? Système aérobie :
§ Puissance : de 100 à 125% VMA, 2x(8x36'' d'effort, puis
récupération de 36'' en marchant ou en trottinant), récupération
de 5' entre les 2 séries.
§ Capacité : de 80 à 95% VMA, 5x 3' de course avec
récupération de 3' entre chaque course.
5 Principes pour développer les processus énergétiques (Pradet 1996) :
? Utiliser des activités globales, c’est à dire mettant
en jeu + de 2/3 des masses musculaires.
? Il existe, pour développer chaque processus, une intensité
minimale efficace.
? Il faut développer la puissance maximale et la capacité
maximale d’un processus.
? La puissance se développe par des efforts d’intensité
maximale (ou même supra maximale) pendant des durées inférieures
a la durée maximale du processus.
? La capacité se développe par des efforts d’intensité
inférieure a l’intensité maximale du processus mais pendant
des durées supérieures a la durée maximale du processus
Paramètres de l’exercice (Pradet 1996) :
Pour développer les processus énergétiques, il faut paramétrer la charge de travail. On précisera donc : l’intensité de l’effort, la durée de l’effort, la durée de la récupération, la nature de la récupération, la quantité de travail.
? Processus anaérobie alactique
Puissance
Intensité : maximum (et même supramaximum : survitesse,
surfréquence) ; 100% et +
Durée d’effort : 3’’ à 7’’
Durée de récup : 1’ 30’’ à 3’
Nature de récup : complète et semi active (rester debout,
marche lente)
Quantité de travail : 10 à 12 répétitions
maximum (arrêt lorsque l’intensité baisse)
Capacité
Intensité : 90%
Durée d’effort : 7’’ à 15’’
Durée de récup : 3’ à 8’
Nature de récup : active et complète (marche ou trot
léger)
Quantité de travail : 6 à 12 répétitions
(arrêt lorsque l’intensité baisse)
? Processus anaérobie lactique
Puissance
Intensité : 100% et +
Durée d’effort : 15’’ à 45’’
Durée de récup : 30’’ à 3’ (récup entre
la durée fractionnée) ; 5’ à 30’ (récup entre
2 blocs)
Nature de récup : incomplète et très peu active
(marche, étirements)
Quantité de travail : 2 à 6 répétitions
(arrêt lorsque l’intensité baisse de façon importante)
Capacité
Intensité : 80 à 95%
Durée d’effort : 45’’ à 4’
Durée de récup : 2’ à 8’
Nature de récup : un peu plus active que celle pour la puissance(marche
soutenue, footing)
Quantité de travail : 10 à 20 répétitions
(arrêt lorsque l’intensité baisse de façon importante)
? Processus aérobie
Puissance
Effort continu : 80 à 95% de VMA pendant 20’ à
45’ (et donc une seule répétition)
Effort intermittent long : VMA + 3 km/h pendant 3’, 3’ de récup
active, > 6 répétitions
Effort intermittent moyen : VMA + 5 pendant 1’, 2’30’’ de récup
active, > 8 à 10 répétitions
Effort intermittent court : VMA + 7 pendant 15’’, 1’30’’ à
2’ de récup active, > 12 à 15 répét
Effort « court – court » : supérieur à VMA
pendant 15’’ à 30’’, 15’’ à 30’’ de récup active,
2 à 3 séquences > 10’
Capacité
Effort continu d’intensité élevée : 85%
VMA (160 à 180 puls/min) pendant 20’ à 30’
Effort continu d’intensité moyenne : 75% VMA (140 à
150 puls/min) pendant 45’
Endurance fondamentale : 50 à 60% VMA (110 à 120
puls/min) pendant > 1 heure