I/ Définition
· Encyclopédie Hachette Multimédia 2001
Caractère de ce qui est hétérogène.
Hétérogène : qui comporte des éléments
différents, disparates.
II/ Approche historique
1869 Loi Duruy
gymnastique obligatoire dans le primaire et écoles normales
de garçons
1880 Loi George
Plus gymnastique obligatoire dans les collèges et lycées
1882 Loi Ferry
Obligation scolaire de sept à treize ans.
1903
G.Demeny au travers des cours supérieurs d’EP énonce
l’idée que «
l’EP doit être adaptée à l’âge et au sexe,
les habitudes et les préjugés le veulent ainsi. »
En effet, les exercices et méthodes pédagogiques préconisés
diffèrent selon l’âge et le sexe dans le manuel de 1907 repris
dans Revue Spirale n°spécial les instructions officielles du
XXème siècle de Nenn
1924 Bac unique garçon et fille, unification des programmes
se retrouve en EP
1942 Classification des élèves après contrôle
médical :
EP normale normaux forts ; normaux moyens
Gym corrective scolaire subnormaux faibles
Gym médicale hors scolaire inaptes totaux
IO 1945
Quatre groupes : normaux forts EP peuvent faire toutes les compétitions
de l’AS
Normaux moyens EP et entraînement AS mais pas toutes
les
Compétitions
Subnormaux faibles EP mais pas AS
Inaptes totaux dispensés
Les programmes sont différents selon les âges et selon
le sexe à partir de 9/10 ans
1959 Réforme Berthoin
Allongement de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans
Mixité dans les écoles puis collèges et lycées.
De 1959 à 1970, les établissements scolaires deviennent
mixtes.
Aucun texte officiel n’oblige à la mixité en EPS,
mais elle est fortement encouragée à partir des années
80.
1975 Réforme Haby
Collège unique
Bilan
La massification consécutive aux réformes des années
59/75, couplée à une sélection moindre a accru l’hétérogénéité
des élèves.
III/ Les textes officiels
· Loi d’orientation sur l’éducation du 10/07/89 «
pour assurer l’égalité et la réussite aux élèves,
l’enseignement est adapté à leur diversité »
· Mission du professeur exerçant en collège, en
lycée d’enseignement général et technologique ou en
lycée professionnel : circulaire du 23/05/1997
« le professeur agit avec équité envers les
élèves ; il les connaît et les accepte dans le respect
de leur diversité ; il est attentif à leurs difficultés
»
« il s’attache à donner aux élèves le sens
de leurs responsabilités, à respecter et tirer parti de leur
diversité (…) »
« la formation initiale du professeur [doit lui permettre] (…)d’adapter
son action aux élèves très divers qui lui seront confié
tout au long de sa carrière. »
· Rapport annexé sur les missions et objectifs fixés
par la Nation
Bulletin Officiel n°4 du 31/08/1989
Missions du système éducatif
« …Dans le respect des principes fondamentaux d’égalité,
de liberté et de laïcité, l’Etat garantit l’exercice
de ce droit à tous les enfants et les jeunes qui vivent sur le territoire
national quelle que soit leur origine sociale, culturelle ou géographique.
»
· Programme cycle central
Arrêté du 10/01/97
« La mixité doit être encouragée mais sous
peine de produire l’inverse des résultats recherchés, elle
ne peut être conduite dans l’ignorance des différences. »
« Des décalages de représentations et de modèles peuvent se creuser, selon les appartenances sociales et les différences de sexe et d’âge. En EPS, ces répercussions dues à l’adolescence sont amplifiées par l’importance des transformations morphologiques (taille, poids, apparence) et par leur manifestation à des moments différents selon les élèves. »
· Programme de troisième
Arrêté du 15/10/1998
« La prise en compte de l’hétérogénéité
des niveaux atteints par les élèves, engendrée par
la diversité des expériences et des possibilités physiques
implique une différenciation de la pédagogie (…) »
« …les contenus et les démarches d’enseignement doivent
aussi prendre en compte l’évolution physiologique, psychologique,
sociale et intellectuelle des adolescents, et particulièrement la
différenciation filles/garçons. »
· Quel collège pour l’an 2000 ?
Débat national fév/mai 99 aboutit à un texte d’orientation
paru dans le BO N°23 du 10/06/99
« Il accueille les élèves dans leur diversité
(…) »
« Il a tout à gagner de la diversité des élèves
même si elle se traduit parfois par des situations qui rendent plus
exigeant le métier d’enseignant. »
IV/ Facteurs d’hétérogénéité ; relation aux faits et affirmations d’auteurs
· AGE
Þ Loi d’orientation sur l’éducation du 10/07/1989
« Pour assurer l’égalité et la réussite
des élèves, l’enseignement est adapté à leur
diversité par une continuité éducative au cours de
chaque cycle et tout au long de la scolarité. »
(Les cycles étant fonction de l’âge)
Þ Dossier EPS n°35 (1997) Gerbeaux, Berthoin
La vitesse maximale aérobie à l’école. Dans
quelles conditions ? Comment ?
« La différence de VMA augmente très rapidement
avec la puberté »
Þ Les pics de croissance sont atteints à des âges
différents
· SEXE
Þ BO HS n°10 du 02/11/2000
in A l’école, au collège, au lycée : de
la mixité à l’égalité
du ministère de l’Education Nationale et du ministère
de la Recherche
« L’orientation scolaire est souvent dictée par
de fausses représentations des rôles sociaux, elle aboutit
à des partages devenus traditionnels, à une division sexuée
des savoirs, prélude à celle des métiers. »
Þ Gerbeaux/Berthoin (97)
« Les garçons ont une VMA toujours supérieure à
celle des filles »
Þ De nombreuses études montrent une différence
de un à deux points dans les moyennes d’EPS aux épreuves
du BAC entre les filles et les garçons (en faveur de ces derniers).
Pourtant les barèmes sont sensés être avantageux pour
les filles (problème : les barèmes basés sur des aptitudes
physiologiques uniquement or le système de représentation
a aussi un impact non négligeable sur la performance)
PHYSIOLOGIQUE
Þ Gerbeaux/Berthoin (97)
« … nous ne faisons pas cours à des âges mais à
des enfants et quelle que soit l’organisation des classes, l’enseignant
se trouve toujours confronté à des âges calendaires,
avec des dispersions importantes allant de trois à six ans »
Age calendaire : en fonction des âges osseux, crâniens,
abdominaux, sexuels …
Þ La maturité au niveau de la crise de puberté
est atteinte à des périodes différentes et a des répercussions
plus ou moins marquées selon les sujets.
· MORPHOLOGIQUE
Poids, taille.
· CONTEXTE FAMILIAL
· PATRIMOINE CULTUREL ET RELIGION
· ORIGINE SOCIALE
Þ « Le déterminisme social » traité
notamment par Bourdieu
Þ Bourdieu Le sens pratique (1980)
« Du fait que les agents appréhendent les objets à
travers des schémas de perception et d’appréciation de leur
habitus, il serait naïf de supposer que tous les pratiquants d’un
même sport (ou toute autre pratique) confèrent le même
sens à leur pratique ou même qu’ils pratiquent, à proprement
parler, la même pratique. »
Þ Bourdieu La distinction (1979)
« Le principe des différences entre les habitus individuels
réside dans la singularité des trajectoires sociales »
Þ Pociello : Les goûts sportifs se transmettent, se transforment,
se reproduisent.
· MOTIVATION
Þ R.Viau 1994 La motivation en contexte scolaire
Elle se définit comme « un état dynamique qui a
ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même
et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité,
à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement
afin d’atteindre un but. »
· NIVEAU D’HABILETE
En fonction de l’expérience …
· PSYCHOLOGIQUE
Þ Piaget (1932) Le jugement moral chez l’enfant : les stades
de développement
· AFFECTIF
· COGNITIF
ÞChangeux 83 L’homme neuronal
« L’enveloppe génétique offre au niveau du système
nerveux un réseau vaguement esquissé, l’activité en
définit les angles, la variabilité entre les sujets venant
moins des capacités d’apprendre que des apprentissages particuliers
réalisés. »
Þ C.H. Bantock (80)
« les individus sont inégalement aptes à bénéficier
de ressources identiques »
V/ FAITS ET AFFIRMATIONS
· S. Royal in Revue EPS N°279 sept/oct 1999 “La mutation
de collèges » extrait de la conférence de presse du
25/05/99
« Cette prise en compte plus effective de l’hétérogénéité
des publics collégiens est une condition de l’efficacité
des apprentissages, une question également de simple justice. Il
ne s’agit donc pas de renoncer aux classes hétérogènes
mais de passer d’une hétérogénéité subie,
parfois vécue comme laissant sombrer les uns et empêchant
les autres d’avancer, à une hétérogénéité
maîtrisée, tenant mieux compte des besoins de chaque élève,
de ses rythmes, de ses centres d’intérêt, de ses lacunes et
de ses points forts. »
· La pédagogie différenciée
Þ Delignières et Duret (1995)
« Principe pédagogique basé sur l’atteinte par
tous d’objectifs communs, et sur le respect des trajectoires individuelles
d’apprentissages. »
Þ Méard « Pédagogie différenciée
et hétérogénéité des attitudes en EPS
» Revue EPS N°241 mai/juin 1993
La différenciation pédagogique est sous tendue par trois
grands postulats :
- Amener tous les élèves à des objectifs donnés
mais par des voies différenciés (mythe
égalitariste, risque de nivellement par le bas)
- Multiplier les objectifs, les disciplines : problème : tous
les objectifs et tous les domaines ne sont pas également valorisés
- Amener chaque élève à son objectif maximal dans
chaque matière ; problème : difficulté à trouver
des procédures adaptables à tous les niveaux et démobilisation
des « moins performants. »
· Plusieurs gestions possibles
- groupe de niveau, groupe de besoins, par affinité, mixtes
….
- Impasse sur la notion de groupe : projet individuel avec décompte
de point ou choix d’élément gymnique différents selon
les élèves.
- Utilisation des différences : groupes hétérogènes
qui permettent de faire apparaître les qualités de chacun
pour progresser dans le tout
Þ Ministère de l’Education Nationale « Collèges
: programmes et instructions » CNDP (1985)
« Le professeur peut constituer, dans la perspective d’une pédagogie
différenciée, des groupes de travail homogènes ou
hétérogènes selon les moment de son enseignement.
La même remarque vaut pour la mixité. »
VI/ CAS CONCRETS
· Les barèmes utilisés pour les évaluations
sont différents selon les sexes (exemple de la table de cotation
Letessier)
· Les niveaux attendus sont différents selon la tranche
d’âge (classes en fonction de l’âge)
· Lors d’un cycle "combat », la préservation de
l’intégrité physique des élèves nécessite
la proposition de rencontre entre individus du même gabarit (établissement
de groupes en fonction du poids et de la taille)
· Sur le plan cognitif, on peut s’apercevoir que les élèves
ne comprennent pas tous les consignes données de la même manière.
Chacun se fait sa propre interprétation : on peut s’en rendre compte
lorsque l’on demande à plusieurs élèves de ré-expliquer
la tâche proposée : ils ne donnent pas les mêmes réponses.
Certains ont besoin d’un dessin, d’autres d’explications orales, d’autres
encore d’exemples pratiques et de démonstration….
· Certaines classes dans un lycée de centre ville accueillant
une population favorisée sont dé-mixées en EPS
· Etudes de P.Bordes sur les modalités préférentielles
de groupement par les enseignants
30% utilisent majoritairement des groupes homogènes
25% utilisent majoritairement des groupes hétérogènes
20% utilisent majoritairement des groupes par affinité
13% alternent entre groupe de niveau
12% utilisent EXCLUSIVEMENT des groupements hétérogènes
5% laissent les élèves se grouper s’ils le veulent et
comme ils le veulent l’efficacité de l’alternance des procédures
de groupement utilisées permettent d’entretenir l’activité
d’apprentissage au cours d’un cycle.
· Davisse (85)
Pour elle, il existe trois manières d’aborder la mixité
en EPS /
o L’ignorer
o Ajuster les groupes en fonction du niveau (les groupes sont finalement
dé- mixés)
o Mixer systématiquement les groupes (pour elle, c’est la seule
façon de prendre en compte la mixité)