Le plaisir, la motivation

Qu’est ce qui fait que la motivation, le plaisir ont une importance en EPS ?

I )  DEFINITION :

a)  La motivation :

“Le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et\ou externes produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement .” (VALLERAND et THILL 1993 )

DURAND en 1987, ajoute et distingue trois besoins :
- Besoin d’accomplissement : besoin de réaliser des tâches difficiles, tendance à rechercher du succès.
- Besoin d’affiliation : incite à établir des contacts et à rechercher des relations affectives avec autrui.
- Besoin hédonique : correspond à la recherche du plaisir.

RYAN & CONNELL en 1989, distinguent différentes orientations motivationnelles
- Contrôle externe (comportement initié par une récompense externe )
- Introjection (action contrôlée par des règles que l’élève a lui-même instaurées)
- Identification (actions répondant à un double investissement, sur les actions elle-même et sur les bénéfices qui leur sont associés)
- Contrôle intrinsèque ( Les actions intrinsèquement motivées sont mises en œuvre pour l’amusement et/ou le plaisir qu’elles procurent)

NICHOLLS identifie deux sortes de buts motivationnels :
- But de maîtrise (implication de l’ego)
- But de comparaison sociale (compétition)

b)  Le Plaisir :

“ État affectif lié à la satisfaction d’un désir, d’un besoin, d’une inclination; sensation, sentiment agréable volonté arbitraire. ” (Dictionnaire Hachette 2000)

AS. NEIL (1985) : “ Rien ne se fait sans désir. Imposer quoi que ce soit au sujet, s’il n’en manifeste pas le désir, c’est s’engager au refus ou engager le rejet. ”

Pas pertinentes

MAIS
P. BOURDIEU : “ On ne peut désirer ce que l’on ignore ; on ne peut aimer ce que l’on ne connaît pas. Attendre l’émergence du désir, c’est renvoyer à l’inégalité : d’où l’intérêt d’un traitement didactique adapté aux caractéristiques des élèves propres .”

Cette citation est-elle exacte? traitement didactique me paraît pas être un terme de Bourdieu, il manque les références

DE PLUS
A. DAVISSE (2000) : “ Il est sans doute aisé de motiver les élèves mais il n’est pas pour autant facile de faire saisir qu’au delà du plaisir immédiat, il y a à apprendre quelque chose par l’appropriation de règles constitutives de l’activité. ”

Raisons essentielles du plaisir en EPS :
GOUDAS & BIDDLE en 1993, ont évalué l’opinion des élèves. Les résultats montrent que les facteurs “ santé ”, “ forme physique ”et “ changement par rapport au travail scolaire normal ” contribuent essentiellement à rendre cette matière agréable.

Effet du plaisir en EPS chez l’enfant :
Le plaisir dans les APS génère un double effet, chez l’enfant :
ð stimule une participation continue.
ð constitue en soi un résultat psychologique positif.
 

II)  LES POINTS DE VUE DURANT LE 20ème siècle :

-Le pédagogue et médecin belge Ovide DECROLY ( début 20ème s ) tenait pour sa part l’apprendre comme un besoin parmi d’autre. L’enseignant , à son estime, se doit d’encourager ou de “ diriger les besoins innés ” ou acquis propres à chaque enfant ou adulte, et d’en faire naître de nouveaux.

-C. HULL 1940 ( éthologue à Yale ) propose une loi scientifique d’après une expérience menée avec des souris :
Apprentissage = Motivation x Habitude
Formule que l’on pourrait ainsi amender :
Motivation = Besoin x Intérêt
Pour lui la motivation est toujours le résultat – du moins en première approximation – de l’interaction entre l’état interne d’un individu et de multiples éléments de son environnement.

-Pour B. SKINNER 1950 ( behavioriste ) un élève se démotive à la suite d’échecs fréquents. Des stimuli extérieurs, tel des activités, des récompenses ou des encouragements sont à rechercher pour déclencher une irrésistible envie d’apprendre et mobiliser de l’énergie. Enseigner est l’art d’identifier ces facteurs déclenchants.

-A l’opposé dans les années 60, le philosophe C. ROGERS et les pédagogues des courants humanistes ont estimé que la véritable source de motivation résidait dans les besoins intrinsèques de l’individu. La libido sciendi procède du besoin de s’épanouir.

-D’un point de vue constructiviste, la motivation serait logée dans une relation permanente entre l’élève et son environnement. Celle ci prend son origine dans les perceptions et les attentes d’individu.
La motivation ne peut se résoudre en termes de recettes. C’est un délicat dosage qu’il s’agit d’organiser. Ce qui importe c’est de susciter un intérêt porteur qui incite l’individu à se surpasser.
 

III)  LES TEXTES OFFICIELS :

a)  Programme du cycle adaptation, du 18 juin 1996 :

“ Les élèves qui entrent en classe de 6ème présentent globalement quelques traits caractéristiques particulièrement sollicités par les pratiques physiques :
- le désir d’agir, en vue d’un plaisir et d’un résultat immédiats.
- …
- le retentissement affectif intense suscité par leur engagement dans l’action physique. De nombreuses activités physiques provoquent une mise à l’épreuve de l’élève lors de l’affrontement des obstacles du milieu physique ou de l’interaction motrice avec autrui. Cette sollicitation déclenche de profondes émotions qui peuvent devenir des stimulants favorables à la motivation et au progrès. ”

b)  Programme du cycle central, du 10 janvier 1997 :

“ L’enseignant, à ce stade de la scolarité, s’efforce de suivre l’évolution des élèves et veille au maintien de leur engagement personnel – et du plaisir qu’ils en éprouvent -  ainsi qu’à l’affirmation de leurs compétences. ”
 
c)  Programme du lycée, du 31 Août 2000 :

- Objectif : “ apprendre à s’engager dans l’activité, à prendre des risques et contrôler leur engagement .”
- Enseignement de détermination : “ il s’adresse aux élèves qui ont choisi de diversifier et d’approfondir leur pratique et leur connaissance des APSA, cependant les élèves ont des motivations différentes quant à leur temps de pratique et de leur besoin d’où l’intérêt de cet enseignement polyvalent plus que spécialisé. ”
 

d)  Mission du professeur, du 23 Mai 1997 :

“  Créer les conditions favorables à la réussite de tous, permettre la construction de projet personnel de l’élève, susciter et prendre en compte les observations et les initiatives des élèves. ”

Pas centrée sur le sujet

IV)  RELATIONS ETROITES  ENTRE LE PLAISIR ET LA MOTIVATION :

a)  Le plaisir constitue un élément favorable au maintien de la motivation :

DISHMAN, SALLIS et ORENSTEIN en 1985, ont montré que chez les adultes, les préoccupations de santé peuvent motiver la participation à un programme d’activité physique au départ, mais qu’à terme le sentiment de bien-être et de plaisir sont nécessaires pour que la participation soit maintenue.
Il est probable que le souci de santé est absent chez l’enfant qui s’engage par simple plaisir, renforcement social et autre gratification plus immédiatement tangible.

TELEMA & SILVENOINEM en 1979, révèlent dans leurs recherches que les motivations dont l’importance décroît le plus avec l’âge sont celles liées à la “ performance ”, au “ succès sportif ” et à la “ conception normative de la santé ”. Par contre, les motifs demeurant constants avec l’âge sont “ l’expérience du loisir et de la relaxation ”, “ faire de l’exercice en plein air ” et “ se sentir en forme ”.

Egalement C. PERRIN, STAPS, 1993
 

b)  Relation entre but motivationnel individuel et le plaisir ressenti :

DUDA, FOX, BIDDLE et ARMSTRONG en 1992, Ne pas oublier de dire que l'on cite durand ont montré que les enfants rapportent un plus haut niveau de plaisir général à pratiquer le sport s’ils ont un but d’accomplissement visant à l’amélioration personnelle et au contrôle de la tâche et s’ils considèrent le succès sportif comme principalement lié à l’effort et à la coopération.
Inversement, le plaisir n’est pas lié à une conception du succès en terme de démonstration de supériorité sur autrui ou de victoire.

c)  Relation entre but motivationnel du groupe classe et plaisir ressenti :

GOUDAS & BIDDLE ont mis en évidence  que les élèves qui considèrent qu’il y a dans leur classe un fort climat de maîtrise ressentent un plaisir plus élevé que ceux qui perçoivent leur classe avec un climat de performance. De plus, un niveau élevé de plaisir est rapporté par les sujets qui perçoivent le climat de leur classe comme exclusivement de maîtrise ou à la fois de maîtrise et de performance.
Rq : “ L’amusement ” est étroitement lié à une condition “ d’excitation ” et de “ plaisir ” corrélé souvent à la présence des autres.

d)  Influence de la contrôlabilité de l’environnement sur le plaisir et la motivation :

Selon la contrôlabilité de l’environnement, c’est à dire selon la relation que l’élève établit entre son comportement et une modification de l’environnement, on remarque des comportements d’investissement et de satisfaction ou bien des comportements de résignation.
DECI & RYAN en 1985,  montrent que la perception du contrôle est plus importante que la récompense perçue en ce sens et que cette dernière n’est associée à la motivation intrinsèque et au plaisir que lorsque l’individu considère qu’il a un contrôle personnel  sur ses actions.
SELIGMAN en 1967, expérimente sur des chiens (il me semble que c'étaient des rats) et met en évidence que s’ils n’ont pas de prise sur l’environnement, ils ne cherchent plus à agir sur l’environnement (découragement puis résignation).
DWECK en 1973 et ERLICH en 1989 mettent en évidence, chez les enfants, des résultats similaires.
D’où l’importance du contrôle personnel de l’élève sur ses actions.

P.MEIRIEU (2001) : “ On ne veut pas d’une école où les élèves font ce qu’ils veulent mais où ils veulent ce qu’ils font .”

Il est donc intéressant de donner du sens aux apprentissages afin de créer un rapport positif au savoir. Cela signifie qu’il faut permettre aux élèves de développer un désir, un projet personnel  afin qu’ils acquièrent des savoirs, savoirs faire et des attitudes nécessaires à sa vie présente et future.
 
 

CONCLUSION :

Dans une perspective d’encouragement à la pratique, pour un apprentissage optimal, les enseignants d’EPS ont intérêt à promouvoir simultanément la motivation intrinsèque, les sensations de plaisir (de bien être psychologique et physique) et le sentiment d’autonomie.

V)  LIENS AVEC D’AUTRES THEMES :
 
a) Motivation et Apprentissage :

L’apprentissage est une transformation des comportements dans un sens de progrès qui est dû à l’interaction du sujet avec son environnement physique et\ou humain.
Cette transformation doit être durable, stable, et se traduit par une réalisation plus économique au plan énergétique et\ou au plan attentionnel.
-proposer un problème moteur c’est à dire quelque chose que l’élève ne sait pas encore faire.
-la difficulté doit être optimale
-quantité de répétition importante, motivation, persistance
-investissement suffisant

A partir de cela lorsqu’on met en relation motivation et apprentissage dans des situations d’accomplissements, on constate chez les élèves 2 grands types de comportements.
-comportements adaptatifs
-comportements non-adaptatifs

Variables comportementales Comportement adaptatif Comportements non adaptatif
Direction Tâches difficultés optimalesRecherche des informations pertinentes Tâches faciles ou tâches trop difficilesOu rejet des informations
Intensité Effort important Peu d’effort
Persistance Acharné face aux obstacles Fuites devant la difficulté
“ Motivation continuée ” Continue la pratique hors de l’école ( AS ) Ne pratique pas hors de l’ école

CONCLUSION :

Repérer les stratégies chez les élèves peut aider l’enseignant d’EPS à expliquer pourquoi ils agissent de telle ou telle façon et ainsi peut organiser son enseignement en fonction des caractéristiques de ses élèves.
 

b) Motivation et effort :

L’EPS est la seule discipline où l’effort n’est pas uniquement un moyen mais un objectif en soi : “ acquérir le sens de l’effort, affirmer sa personnalité par le sens de l’effort physique ” ( B.O n°10 et 15 octobre 1998 ).

Les déterminants psychologiques de l’effort sont associés à la motivation car l’effort est associé à la durée de l’action , l’effort sous entend un investissement à long termes.

Les élèves acquièrent le goût de l’effort quand le professeur a suscité un désir fort et qu’il leur fait comprendre et admettre l’utilité de celui-ci pour assouvir ce désir :

Illustrations :
-auto-évaluation associé à la définition de projet personnel
-évaluation formative par la construction et l’appropriation des critères de réussite et\ou de réalisation par les élèves
 
 
 
 
 

VI)  BIBLIOGAPHIE :

· Revue ENFANCE hors série n° 2-3 de 1994.
 Articles  BIDDLE S  et de GOUDAS M “ Sport, activités physiques et santé chez l’enfant ”
ROBERTS C et TREASURE “ Sport de compétition et motivation chez l’enfant : approche à partir de la théorie des buts d ‘accomplissement ”
 

· JP FAMOSE  “ Motivation et performance sportive ”
 

· DELIGNIERES D et DURET P “ Lexique thématique des STAPS ” 1995
 
 PLAN DE LA FICHE
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1/ Définitions

2/ Les points de vue dans le 20ème siècle

3/ Les textes officiels

4/ Relations entre plaisir et motivation

5/ Relations avec d’autre thèmes

6/ Bibliographie