PLAISIR ET MOTIVATION

 
 

Selon Roberts(1990), les indicateurs de la motivation sont :
                   _ le choix de certaines activités et de certains buts
                   _ l’intensité du comportement adopté(«effort consenti »)
                   _ la constance de cet investissement
                   _ la persévérance dans l’activité choisie
                   _ la performance (mais de façon limitée car elle subit beaucoup d’influences)
 

Point de vue n°1 :
La prise en compte de l’élève par l’enseignant d’EPS détermine l’engagement futur de celui-ci dans des pratiques physiques
 

Argument 1 :
La réussite des élèves, en augmentant leur motivation, entraîne un réinvestissement des pratiques

Preuve institutionnelle :
PROGRAMMES COLLEGE 1996
Les élèves «découvrent des activités qu’ils pourront suivre au-delà de l’école »® motivation continuée

Preuve scientifique :
Le vécu antérieur : Fox, 1989, modèle hiérarchique de l’Estime de Soi, montre que la réussite antérieure, du fait qu’elle augmente l’estime de soi de l’élève, fait augmenter son engagement dans l’activité d’une part, et contribue à orienter l’élève vers des buts de maîtrise d’autre part.

Preuve scientifique :
La contrôlabilité de l’environnement : Erlich, 1989 : si on donne à des enfants des tâches trop difficiles, ils échouent et quand on leur redonne des tâches à leur portée, ils sont moins persévérants et ont de moins bons résultats. Ils ont des comportements dits de résignation.
 

Argument 2 :
Les adolescents pratiquent d’autres APSA que celles proposées habituellement en EPS ou les pratiquent différemment, ce qui influe sur leur motivation.

Preuve scientifique :
Une enquête de l’INSERM en 1993 montre à l’adolescence un désengagement sensible des activités physiques hors de l’école et un rejet massif des activités traditionnelles à forte connotation technique.

Preuve scientifique :
LORET « génération glisse »,1995 :
Les pratiques des jeunes sont centrées plus sur le décollage que sur la performance

Preuve didactique :
Une solution possible est de proposer un mode d’entrée en gymnastique par l’acrobatie pour les garçons et par l’esthétique pour les filles en fonction des représentations culturelles dominantes des 2 sexes.

 
Argument 3 :
Les élèves en EPS sont généralement plus motivés par une sensation de plaisir et de sensations fortes que pour une recherche de progrès

Preuve institutionnelle :
 Programmes de  6ème :
 « les élèves présentent quelques traits caractéristiques (…) :
  .le désir d’agir en vue d’un plaisir et d’un résultat immédiat
  .l’envie de jouer avec les autres »
« Cette sollicitation (avec l’environnement) déclenche de profondes émotions qui peuvent devenir des stimulants favorables à la motivation et au progrès »

Programmes lycée 2000 :
Les connaissances sur soi «s’acquièrent par l'expérience, guidée par l'enseignant, et progressivement constituent un répertoire de sensations, d'émotions et permettent ultérieurement une adaptation à des situations nouvelles » ® motivation d’accomplissement et motivation d’hédonisme

Preuve scientifique :
Biddle, 1994, Revue Enfance n°2-3 :
     Il montre que chez l’enfant, le plaisir et l’augmentation de l’estime de soi sont plus important que des préoccupations plus abstraites concernant la santé.
  Il propose alors de privilégier simultanément la motivation intrinsèque, les sensations de bien-être psychologique et le sentiment d’autonomie

Preuve scientifique :
Théorie de Hull, 1943 : théorie homéostasique
     « Le besoin correspond à l’écart physiologique par rapport à un idéal »
Il caractérise alors la motivation en tant que recherche de besoins primaires :
                _ la recherche de sensation
                _ la recherche de stimulation

Preuve didactique :
D. Lehénaff, 1990, Revue EPS n°223 :
 Il propose une approche particulière du triathlon après avoir constaté que les élèves rejetaient les activités énergétiques.
Les élèves se fixent des projets personnels sur leur future performance dans des «contrats personnalisés ».
L’activité est plus abordée sur son côté spectaculaire et esthétique que sur son côté énergétique.
Il observe ainsi «une nouvelle motivation des élèves en athlétisme et en natation présentant un caractère attrayant dans ce nouveau contexte ».
 
 
 

Point de vue n°2 :
L’engagement des élèves est un facteur clé des apprentissages.
 
 

Argument 1 :
La réussite scolaire des élèves en EPS est corrélée à la qualité de leur engagement ou à la nature de leur motivation dans les pratiques.

Preuve institutionnelle :
PROGRAMMES COLLEGE 1996
 « Enrichir le rapport que l’élève entretient avec son corps et à favoriser l’élaboration d’une image de soi positive »® favoriser la motivation d’accomplissement.

Preuve scientifique :
Les buts motivationnels : Nicholls,1983 les buts de maîtrise (recherche de progrès) sont favorables à l’apprentissage alors que les buts de compétition (ou comparaison sociale) ne le sont pas toujours.

Preuve didactique :
La typologie des classes : Philippe Roy, 1998, Typologie des classes et pédagogie des AP et S : En fonction du profil des classes, il propose des approches pédagogiques variées
                ®Profil d’une classe de type 1 : chargées, avec beaucoup de filles, de même âge et peu de boursiers
     Hypothèse sur le profil motivationnel : ils reproduisent en EPS leur rapport très positif avec l’école(très motivés pour toutes les matières avec préférences pour les connaissances déclaratives)
® Il propose une EPS par des entrées cognitives

                ® Profil d’une classe de type 2 : peu chargées, mixité, nombre de boursiers égal à la moyenne
     Hypothèse sur le profil motivationnel : Ils reproduisent en EPS de leur rapport différenciés à l’école(pas confiances en eux, rapports différents suivant les matières)
® Il propose une EPS par des entrées cognitivo-énergétiques

               ® Profil d’une classe de type 3 : très réduites, avec beaucoup de garçons, d’étrangers, de boursiers
     Hypothèse sur le profil motivationnel : distinction très nette entre leur rapport très positif à l’EPS et leurs rapports très négatifs à l’école(rejettent la sanction de leur incompétence dans le système scolaire)
® Il propose une EPS par des entrées énergétiques
 
 

Argument 2 :
Les élèves sont motivés pour une tâche en fonction de ce qu’elle représente pour eux( intérêt et difficulté de la tâche)

Preuve scientifique :
 Théorie de Nuttin, 1980 :
     « Le besoin est une relation requise entre l’individu et le monde pour l’atteinte de standards(innés ou construits) et par conséquent son fonctionnement optimal. »
 Il reprend, tout comme Durand en 1987, les travaux d’Atkinson :
      Atkinson (1957) : Il y a 3 types de motivation ou de besoin :
· D’accomplissement = elle caractérise majoritairement les élèves qui s’appliquent à bien réaliser une tâche pour la réussir et faire la démonstration de leur compétence
· De plaisir (hédonisme) = recherche de sensations
· D’affiliation = recherche de relations sociales
Les élèves sont plutôt orientés vers un type de motivation ou vers un autre en fonction de leur vécu antérieur et des tâches proposées.

Preuve scientifique :
La valeur accordée à la tâche : Famose, dossier EPS n° 35 : la valeur accordée à la tâche par l’élève  influe sur son engagement dans l’activité, au même titre que son habileté perçue.
  Motivation = confiance en soi ´ valeur de la tâche

Preuve institutionnelle :
Les connaissances sur soi «s’acquièrent par l'expérience, guidée par l'enseignant, et progressivement constituent un répertoire de sensations, d'émotions et permettent ultérieurement une adaptation à des situations nouvelles » ® motivation d’accomplissement et motivation d’hédonisme

Preuve didactique :
Galifret et Granjon, 1980 :
® en saut en longueur, ils matérialisent le but à atteindre. Ce but concret permet aux élèves de s’engager plus facilement dans l’action, le type de procédure est surtout efficace chez l’enseignant.
 

 
Point de vue n°3 :
La mise en place d’une pédagogie de projet, oscillant entre la liberté et le contrôle des élèves, favorise l’augmentation de l’implication des élèves dans la tâche.
 

Argument 1 :
Le fait de laisser une certaine liberté à l’élève dans la construction de son plan d’action développe un sentiment d’autonomie et par conséquent une motivation à apprendre ascendante.

Preuve scientifique :
NUTTIN, 1991 :
« L’élève n’acquière une conduite, ne recherche à s’adapter que s’il a un intérêt, un motif, pour le faire »

Preuve institutionnelle :
Programmes de 2nde :
« Le plus souvent l'élève est invité à préciser son projet personnel dans l'activité, à identifier les relations entre les projets individuels et collectifs, au sein d'une équipe, d'un groupe de travail, de la classe, à exprimer ses choix, ses goûts »

Preuve institutionnelle :
Programme de 1ére :
« En classe de seconde, les élèves ont assuré les prérequis nécessaires dans les activités physiques, sportives et artistiques choisies. Pour autant en classe de première, la diversité subsiste en fonction des goûts, des motivations, des projets personnels à l'égard de l'éducation physique et sportive. »

Preuve scientifique :
MEIRIEU, 2001 :
« on ne veut pas d’une école où les élèves font ce qu’ils veulent mais où ils veulent ce qu’ils font. »
 

Argument 2 :
Elle est dépendante des caractéristiques des élèves et de leur possibilités à travailler en autonomie suivant les classes, la motivation étant fortement influencée par l’échec.

Preuve scientifique :
Les différences inter-individus : Nicholls, 1993 montre que pendant des cours, un échec en classe provoque chez certains élèves une baisse de la motivation vers des tâches scolaires et chez d’autres, une augmentation de cette motivation.

Preuve scientifique :
La contrôlabilité de l’environnement : Erlich, 1989 : si on donne à des enfants des tâches trop difficiles, ils échouent et quand on leur redonne des tâches à leur portée, ils sont moins persévérants et ont de moins bons résultats. Ils ont des comportements dits de résignation.
 
 

Argument 3 :
La motivation de l’élève et sa poursuite dans l’activité est liée au guidage de l’enseignant et à la prise en compte des possibilités de chaque élève dans le but de passer d’une transmission à une construction des connaissances.
 

Preuve institutionnelle :
Les connaissances sur soi «s’acquièrent par l'expérience, guidée par l'enseignant, et progressivement constituent un répertoire de sensations, d'émotions et permettent ultérieurement une adaptation à des situations nouvelles » ® motivation d’accomplissement et motivation d’hédonisme

Preuve scientifique :
WITWER :  « pour une révolution pédagogique »
« l’élève a besoin de se sentir soutenu par l’enseignant. D’où l’intérêt d’une pédagogie différenciée, des pédagogies du contrat, la mise en place de projet individuel encadré par l’enseignant. »

Preuve institutionnelle :
 Mission du professeur 1997 :
« créer les conditions favorables à la réussite de tous , permettre la construction de projet personnel de l’élève, susciter et prendre en compte les observations et les initiatives des élèves. »

Preuve scientifique :
A.DAVISSE, 2000 :
« Il est sans doute aisé de motiver les élèves mais il n’est pas pour autant facile de faire saisir qu’au dela du plaisir immédiat, il y à a apprendre quelque chose par l’appropriation de règles constitutives de l’activité. »